L'album photo de cette visite est visible ici : album
Nous avons eu la chance d'être accompagnés par Isabelle Levêque, paysagiste et restauratrice de ce jardin. Ce matin-là, la pluie nous attendait également, ce qui n'était pas si ennuyeux, car la lumière était très belle, très délicate. Voici quelques notes prises au vol pendant les explications d'Isabelle.
Ce jardin de 7000 m2 fait partie du vaste ensemble de la Mosquée de Paris, qui comprend, en plus du lieu de culte, un hammam, un dispensaire, une maison d'hôtes, un restaurant, une boutique... et ce (ces) jardins.
L'inauguration eût lieu en 1926. A cette époque, le jardin n'avait rien d'arabe. Il n'avait pas été dessiné par un architecte ou un paysagiste. Le jardin principal était planté de cyprès de Leyland, de rhododendrons, avec des grimpantes sur les côtés. Les jardins latéraux comportaient essentiellement des fruitiers.
Rien de cela ne pouvait servir à la restauration.
Isabelle s'est tournée vers l'Exposition Universelle de 1925 et la vision des jardins arabes apportée par J.C.N. Forestier. Le vocabulaire est posé : de l'eau, des parterres encaissés par rapport aux allées (pour optimiser l'hydraulique), une géométrie forte au sein de laquelle les massifs sont semés au hasard, ou encore, parmi les végétaux, des couleurs vives qui se heurtent.
Le nouveau jardin principal, cour d'honneur ou Rhiad, planté en 2008, a donc été dessiné ainsi : des massifs rectangulaires bordés de buis nain. Le buis devrait être taillé plutôt étroit et haut, ce qui n'est pas vraiment le cas. Les végétaux choisis ont une croissance limitée ou se prêtent facilement à la taille. Dans chaque angle, est planté un cyprès d'Italie, à tailler régulièrement. Ailleurs, on voit un arbre de santal, un arbousier, un kaki. Cinq palmiers font un clin d'oeil aux cinq piliers de l'islam. Des myrtes (Myrtus tarentina), des rosiers à grosses fleurs, comme on les aimait à l'époque, complètent les massifs. Un tapis de lierre régulièrement taillé court entre les arbres. En émergent des plantes à bulbes, hémérocalles, crocosmias...
Sur les arcades du pourtour, les glycines ont été conservées, et complétées par des Solanum jasminoides bleus.
Comme toujours, il y a un petit écart entre ce qui a été prévu par la paysagiste et le résultat final. Mauvaise suprises, compromis et autres défaut d'entretien ont bercé l'enfance du nouveau jardin.
Certaines plantes commandées ont été remplacées par d'autres par les fournisseurs. Certaines ont pu être échangées, mais d'autres non. C'est le "mauvais" lierre qui tapisse les massifs, un lierre classique à grosses feuilles. Le lierre prévu était Hedera helix 'Green Ripple', lierre plus court, qui aurait renforcé l'effet encaissé des massifs.
Les premiers mois du jeune jardin ont été critiques, le temps que l'entretien se mette en place, et Isabelle a même mis elle-même la main à la pâte pour le désherbage et l'arrosage, lorsqu'elle a découvert l'état du jardin en juin 2008, trois mois après sa plantation.
Derniers déboires, climatiques cette-fois : les magnifiques zelliges, en carreaux de Fez, sautent l'hiver à cause du gel (vive la garantie décennale !).
Malgré ces quelques soucis de détail, la restauration est magnifique. Le jardin, bien que neuf, semble avoir été là de tout temps, et les visiteurs raciniens sont admiratifs.
Reste à présent le reste du projet : les jardins latéraux, pas encore réalisés. Nous espérons pouvoir faire de nouveau une visite lorsqu'ils auront été restaurés !
Après la visite, nous nous sommes retrouvés pour un thé à la menthe dans le patio du restaurant et un joyeux moment d'échanges sur les activités de chacun.
Laissez-nous vos commentaires, et allez voir l'album photo !
Voir le site internet d'Isabelle : Isabelle Levêque, paysagiste et historienne des jardins
Voir le site de la Mosquée de Paris : http://www.mosquee-de-paris.org/ (qui montre encore des photos de la "cour" avant restauration)